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Le bestiare des Ringos, Bingos, Tungos and Youngos


COP15




Reportage - Dans les couloirs du Bella Center, à Copenhague, on tombe parfois nez à nez avec d'étonnants acronymes qui cachent de drôles d'oiseaux.

Il y a les Ringos, les Bingos, les Tungos, les Engos et les Youngos. Non, ce ne sont pas les noms d’animaux exotiques affichés aux pages d’une encyclopédie. Ceux-là s’inscrivent en lettres bleues sur fond blanc, le long d’un couloir du Bella Center où se tient le sommet international sur le climat. Chaque porte consciencieusement fermée s’ouvre sur un monde mystérieux.

Les Bingos d’abord. Un jeu de numéros à cocher un poil démodé ? Une nouvelle façon de dire “téléphone” ? Non. Entre les panneaux blancs d’un bureau-boîte de conserve, Ian Christmas énumère patiemment : “Business and industry non gouvernemental organizations”. Soit pour les piètres anglophones : les ONG du commerce et de l’industrie. En clair, il s’agit d’un éventail de compagnies de facture diverse. “Moi par exemple, je travaille pour l’industrie de l’acier”, souligne Ian Christmas, dans un sourire. A ses côtés, gravitent des acteurs du charbon, du nucléaire ou du pétrole, tous assemblés sous le même chapeau des Bingos. Aucune compagnie n’a en effet le droit de s’enregistrer en son nom au coeur d’un sommet onusien de ce type. Un rôle à jouer dans les négociations de Copenhague ? Ils en ont bel et bien un, assure Ian Christmas. “Vous ne pouvez pas construire d’éoliennes sans acier, ni de voitures électriques. Ce que nous voulons c’est trouver un moyen d’utiliser le matériau intelligemment” et de défendre les intérêts de leurs industries.

Des troupeaux de syndicalistes

Quelques pas plus loin, l’accueil est glacial. En lettres noires intimidantes, il est écrit : “la pièce doit être verrouillée pour empêcher que d’autres ONG s’en emparent.” Nous voici dans le monde très sérieux des Ringos. Les ONG indépendantes de recherche. En deux phrases très économes, un homme traduit : “des instituts de recherche répartis aux quatre coins du monde.” On n’en saura pas plus. Sur le palier suivant, les tracts envahissent la porte blanche, comme une vigne vierge sur une façade trop lisse. Bienvenue chez les Tungos (Trade Unions NGO), l’univers coloré des syndicalistes. A l’intérieur, des cartons déversent leur trop plein de documents et quelques silhouettes s’affairent devant des écrans d’ordinateurs. Parmi elles, celle de James Howard, directeur de la Confédération internationale des syndicats. “Nous représentons 155 pays et 175 millions de travailleurs, souligne-t-il fièrement. Leur combat : pousser pour une transition juste vers une économie verte. “Pour les agriculteurs qui vont être directement victimes du changement climatiques, mais aussi pour les employés des centrales au charbon qui risquent de se retrouver sur le carreau”, décrypte-t-il. Aussi chaque jour, les Tungos lancent-ils leur bataillon à la chasse aux négociateurs, à la quête d’une oreille, d’un regard.

Et voilà les Youngos

Dans le couloir froid : une énième porte. Ce sont les Engos (ONG environnementales). On est un peu perdu. La plupart des ONG ne sont-elles pas environnementales ? Ces quelques m2 de préfabriqués sont-ils prévus pour recevoir Greenpeace, WWF, Friends of the Earth ? On frappe timidement. Un jeune homme de Climate Justice Action hausse les épaules “On a vu qu’il y avait personne et on s’est mis là pour bosser. Après tout, on est une ONG environnementale”. Les ENGOS, c’est un peu personne et tout le monde.

Reste les Youngos. Pour traquer cette espèce là, il faut repartir à l’autre bout du centre. En plein coeur du quartier des délégations, des jeunes gens vêtus de tee-shirts orange s’affairent derrière un bureau. Les Youth NGOs rassemblent les organisations jeunes du monde entier : scouts, jeunes Américains de “Sustain us”, Indian Youth Climate Network, etc. “Nous avons un rôle important à jouer. Après tout, les décisions que les délégations vont prendre auront un impact direct sur notre vie”, souligne Bjarke Kronborg, membre de Nature and Youth Denmark. Il faut que les politiciens sentent qu’ils peuvent prendre des positions progressistes et avoir notre soutien.”

Bingos, Ringos, Tungos, Engos et Youngos : de drôles d’espèces. Mais des espèces en voie de disparition au Bella Center. Faute de place, les Nations Unies ont lancé leur filet sur les troupeaux d’ONG. De 22 000 têtes, les voilà réduites à 7000 aujourd’hui. Demain, ils ne seront plus que 90.


Reportage teraECO a visiter absolument sur Twitter pour leur couverture fab de COP15 ! RV @teraeco et sur Teraeco.net pour tous les francophones.

Posted by asd Wednesday, December 16, 2009

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